The body is funny
2023
Marble mantelpiece, hand-engraved :
"J’pleure plus des yeux, j’ai l’nez qui coule"
"I don't cry from my eyes anymore, I have a runny nose"
14 x 100 x 1.6 cm
Piece made in collaboration with the artisan engraver Remy Durupt.
00.47.20
Alors moi, je sais que j’ai pleuré plein de fois.
Mais c’est marrant le corps..
Moi j’pleure du nez, par exemple.
J’pleure plus des yeux, j’ai l’nez qui coule.
Et je disais à H.
"Mais qu’est ce que j’vais faire? J’vais jamais y arriver!"
Et il m’dis
« Mais si, t’as l’droit en fait. »
A partir du moment où on te dit, tu as l’droit aussi d’être sensible, on n’est pas que.. on est des gens quoi.
Nous aussi on a..nous aussi on a perdu des gens.
On a une vie, on va en vacances, on a des enfants, on a..
Enfin voilà.
Extrait de l'interview fait avec Diane S., maîtresse de cérémonie funéraire
00.47.20
So, I know I've cried many times.
But it's funny, the body...
I cry from my nose, for example.
I don't cry from my eyes anymore, my nose just runs.
And I was telling H.
"What am I going to do? I'll never make it."
And he said,
"But you can, you have the right to, actually."
From the moment they tell you that you also have the right to be sensitive, we're not just... we're people, you know.
We've also lost people.
We have a life, we go on vacations, we have children, we have...
Well, you know.
Extract of the interview of Diane S., funeral officiant.
"J'étends nos peines avec application", 2023, installation view
L'essence de l'œuvre tend à évoquer les états d'âme, les sentiments liés au deuil et à la perte, le rapport et l'influence réciproque que le corps et l'esprit ont l'un sur l'autre, et l'évolution que peuvent connaître ces humeurs avec le temps.
Il apparaissait que pour servir cette idée, la lettre choisie se devait d'être une cursive contemporaine pour ses qualités expressives de vivacité spontanée et informelle et par opposition, par exemple à une capitale trop signalétique et institutionnelle, ou encore à une anglaise très sophistiquée et presque nobiliaire.
Sa sensibilité a été orientée pour laisser poindre une note de cynisme mêlée à l'expression d'une sincérité transparente d'un ressenti émotionnel et physique, épurée de tout ornements superflus jusqu'à l'évanescence de ses déliés, et affûtée, expédiée de sorte à suggérer les plaies et stigmates assénés par la disparition des êtres chers.
La finition qui lui a été appliquée mets en contraste la nature organique et intrinsèque d'un sentiment, contre une façade apparente de froideur artificielle.
Texte et photographie de Remy Durupt.
Un grand merci à Diane et Rémy pour leur partage, générosité et confiance ☘️
L'essence de l'œuvre tend à évoquer les états d'âme, les sentiments liés au deuil et à la perte, le rapport et l'influence réciproque que le corps et l'esprit ont l'un sur l'autre, et l'évolution que peuvent connaître ces humeurs avec le temps.
Il apparaissait que pour servir cette idée, la lettre choisie se devait d'être une cursive contemporaine pour ses qualités expressives de vivacité spontanée et informelle et par opposition, par exemple à une capitale trop signalétique et institutionnelle, ou encore à une anglaise très sophistiquée et presque nobiliaire.
Sa sensibilité a été orientée pour laisser poindre une note de cynisme mêlée à l'expression d'une sincérité transparente d'un ressenti émotionnel et physique, épurée de tout ornements superflus jusqu'à l'évanescence de ses déliés, et affûtée, expédiée de sorte à suggérer les plaies et stigmates assénés par la disparition des êtres chers.
La finition qui lui a été appliquée mets en contraste la nature organique et intrinsèque d'un sentiment, contre une façade apparente de froideur artificielle.
Texte et photographie de Remy Durupt.
00.47.20
Alors moi, je sais que j’ai pleuré plein de fois.
Mais c’est marrant le corps..
Moi j’pleure du nez, par exemple.
J’pleure plus des yeux, j’ai l’nez qui coule.
Et je disais à H.
"Mais qu’est ce que j’vais faire? J’vais jamais y arriver!"
Et il m’dis
« Mais si, t’as l’droit en fait. »
A partir du moment où on te dit, tu as l’droit aussi d’être sensible, on n’est pas que.. on est des gens quoi.
Nous aussi on a..nous aussi on a perdu des gens.
On a une vie, on va en vacances, on a des enfants, on a..
Enfin voilà.
Extrait de l'interview fait avec Diane S., maîtresse de cérémonie funéraire